Dans l’appartement où je vis, je mets en scène des voyages immobiles. Je baisse les stores et je pousse les meubles. Je dispose un tissu crème au pied du mur. Le salon a disparu. Je suis dans une pièce neutre. J’installe un cercle de lumière. Autour c’est la pénombre. Je regarde à travers le trou de la serrure. Ma peau entre en contact avec la matière. Habit. Agrume. Emballage. Sac poubelle. Papier toilette. Café. Papier bulle. Pendant 10 secondes, la pensée tremble, la chair tressaute. L’esprit fait corps. Sens dessus dessous. Corps et matière s’assemblent avec humeur. J’utilise mon enveloppe corporelle comme forme des possibles. Je m’attaque à la digestion et indigestion de la matière. J’élargis mon champ de vision. Dérèglement de la matière par l’acte photographique ; je me transforme. Le retardateur déclenche la photo. Je suis de la matière. Mon corps est un support de matière. La matière est un support de sens.
La réaction chimique de ces « natures vivantes » trouble la lecture du réel et compose ma couche sensible."

The self-timer

In the flat where I live, I stage still travels. I draw down the blinds and move the furniture. I arrange a cream fabric down on the wall. The lounge vanishes. I am in a neutral room. In the twilight, I put up a circle of light. I watch through the keyhole. My skin makes contact with matter, cloth, citrus fruit, packaging, dustbin bag, toilet paper, coffee, Manila paper… During ten second, the thought shakes, the flesh jumps. Upside down, mind is joined to body. I use my envelope as possible forms. I take on digestion and indigestion of the matter. I widen my field of view. The shot upset the matter, I get transformed. The self-timer releases the photo. The chemical reaction disturbs the meaning of reality and composes my sensitive layer. I am some matter. My body is a support of matter. The matter is a support of sense.